LE TRÉSOR CONVOITÉ DE L’ORDRE DU TEMPLE de Marc FOUQUET, Éditions Persée – distribué par Hachette – collection Les archives du temps, 2017.
LITTÉRATURE : passionné d’histoire, Marc Fouquet publie son premier roman, une plongée dans le siècle de Philippe Le Bel et des Templiers.
L’époque est rude et fascinante. En 1254, Saint-Louis règne sur la « fille aînée de l’Église » et rentre de croisade. Bientôt, son petit-fils Philippe le Bel va monter sur le trône de France et entamer une lutte sans merci contre les Templiers. Le roi capétien s’oppose aussi à la papauté, celle de Boniface VIII, giflé à Anagni, puis de l’Aquitain Bertrand de Goth, alias Clément V. On se bat pour la primauté sur l’Occident, la vraie croix, l’argent et le pouvoir bien sûr, mais aussi des richesses plus symboliques. Cet univers du bas Moyen Âge, Marc Fouquet le fait revivre dans un roman de cape et d’épée fermement ancré dans la réalité historique. Fraîchement retraité après une riche carrière dans les organismes sociaux, la Chambre de commerce de la Dordogne, la direction du groupe Inseec (école de commerce) qu’il co-fonda, enfin sa propre entreprise spécialisée dans l’accompagnement au changement, ce Girondin originaire de Blaye rêvait de recherche historique et d’écriture. Un éditeur parisien, Persée, a permis à son premier manuscrit d’éclore (1). Aristote et Thomas d’Aquin Justement, deux manuscrits sont au coeur de l’intrigue. Et pas n’importe lesquels : le « Peri Hermeneias » d’Aristote, second volet de l’Organon du grand logicien grec antique ; et le « Traité de l’interprétation » qu’en fit le moine dominicain Thomas d’Aquin, maître de la scolastique médiévale, futur saint et docteur de l’Église. Au carrefour de l’intelligence et de la foi, ces parchemins inestimables sont au coeur d’une féroce bataille entre la monarchie et l’ordre du Temple qui a récupéré leur possession. Fils d’un chevalier-conseiller de Saint-Louis, Bertrand Jourdain l’Ermitage est chargé par son successeur de remettre la main sur ce trésor spirituel. « Passionnant de voir l’empire qu’un tel trésor exerce sur les hommes dans un temps où le rapport à l’argent n’est pas le même que pour nous-même si Philippe le Bel a fait la première dévaluation et que les Templiers ont utilisé la première lettre de change », vante Marc Fouquet qui s’est plongé dans les sources et les travaux de médiévistes fameux comme Jean Favier, auteur d’une biographie de référence sur le « Roi de fer » : trois ans de labeur pour reconstituer la trame historique et le concret de la vie. Et maintenant, Abraham « Quand je décris un personnage, j’aime l’imaginer dans son environnement avec ses cinq sens », note avec gourmandise le néo-romancier qui a souvent pensé au « Nom de la Rose », le polar médiéval du grand Umberto Eco. Retrouver les senteurs, les couleurs, les paroles et, qui sait, les mentalités de cette époque lointaine : tel est le but de son aventure dans « la brutalité et la douceur » de la société médiévale. Elle est achevée mais Fouquet est attelé à un nouveau projet : remonter le temps pour camper la figure d’Abraham, le patriarche biblique en laissant, cette fois, son esprit vagabonder pour tenter de fixer le portrait d’un homme sur lequel les sources sont rares, à la frontière de l’histoire et de la légende. Ce voyage millénaire en Mésopotamie, il aimerait en faire l’outil d’une meilleure compréhension de ce qui unit les trois monothéismes et pourrait permettre, autour de Jérusalem, de résoudre un jour le conflit du Moyen-Orient.
CHRISTOPHE LUCET, journaliste
Mercredi 13 septembre 2017 SUD OUEST
(1) « Le Trésor convoité de l’Ordre du Temple », de Marc Fouquet (éd. Persée), 330 pages. Prix : 22,40 €.
Résumé du livre – quatrième de couverture.
Le 17 juillet 1254, des clameurs s’élèvent des galères de retour de Terre Sainte : Hyères, Hyères ! Le roi Louis IX débarque en France, à la tête de ses croisés, après six années de combat contre les hérétiques.
À travers deux siècles, du XIII° au début du XIV° siècles, l’auteur nous entraîne dans un va-et-vient incessant entre un possible romancé et des incertitudes historiques.
Croisades, relations entre les rois de France et les papes, tragédie des Templiers, Sainte-Inquisition, influences des idées et des grands penseurs… Cette fresque moyenâgeuse raconte au lecteur des aventures où le suspense le dispute au souffle de l’Histoire ! Après de nombreuses recherches et avec l’appui de nombreuses sources
Quelques lignes à la page 17…
« Je revoyais maintenant, je revivais encore intensément ces moments de vie et de mort, où le sang avait bruni la terre en d’immenses tâches qui semblaient indélébiles, dans ces instants où le soleil se préparait à disparaître à l’horizon. Le sifflement des redoutables traits acérés, que les arbalétriers avaient tiré devant nous, les chevaux carapaçonnés de leurs étincelantes armures, couverts d’un drap sur lequel avait été cousue la croix palatine rouge sang : tout cela donnait une impression terrifiante » !