Simone Veil – UNE VIE – Éditions Stock, 2007.
Les vies de Simone Veil.
Simone Veil est arrêtée par la Gestapo et déportée à Auschwitz à 16 ans avec l’une de ses sœurs et sa mère. Figure emblématique du féminisme, elle repose au Panthéon, parmi les Illustres de la Nation. Après des études à Sciences Po, où elle rencontre Antoine Veil, futur inspecteur des finances, elle devient la première femme Secrétaire générale du Haut Conseil de la Magistrature. De 1974 à 1978, elle est ministre de la Santé dans le gouvernement du président de Valéry Giscard d’Estaing. En 1973, Simone Veil fait voter une loi autorisant le remboursement de la pilule contraceptive par la sécurité sociale et sa délivrance à des mineures sans le consentement des parents. Puis en 1975, elle réussit, malgré les débats houleux et acharnés, à faire voter la loi qui porte son nom et légalisant l’avortement. Elle devient membre du gouvernement d’Edouard Balladur, comme ministre de la Santé.
En juin 1979, elle est élue première femme Présidente du Parlement Européen.
En 1998, elle devient membre du Conseil Constitutionnel, institution chargée de la constitutionnalité des lois.
Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, œuvrant à préserver et développer la connaissance historique des massacres, à aider les survivants et à combattre l’antisémitisme, elle est élue en 2008 au fauteuil 13 de l’Académie Française.
Elle décède chez elle le 30 juin 2017, à l’âge de 89 ans.
« Maman n’a jamais pensé qu’elle pourrait finir au Panthéon. Le seul dans le couple à imaginer qu’elle entrerait un jour au Panthéon était notre père » a déclaré Jean Veil, l’aîné de leurs trois fils. Il disait souvent pour plaisanter qu’il n’était pas question de les séparer après 67 ans de vie commune. »
Dans Une vie, Simone Veil accepte de se raconter à la première personne.
Personnage au destin exceptionnel, elle est la femme politique dont la légitimité est la moins contestée, en France et à l’étranger ; depuis longtemps, son autobiographie était attendue.
Elle s’y montre telle qu’elle est : libre, véhémente, sereine.
Extrait de la page 17…
Je dispose de moins de précisions sur les membres de ma famille maternelle. Ils étaient originaires de Rhénanie, ma grand-mère de Belgique, et s’étaient établis en France à la fin du XIX° siècle. Tout ce petit monde était foncièrement républicain et laïque, du côté de ma mère comme de celui de mon père, qui était à cet égard sans complaisance. J’ai souvenir d’un épisode survenu alors que j’avais huit ou neuf ans. Une cousine italienne, de passage à la maison, avait pris l’initiative de m’entraîner avec elle dans une synagogue. Lorsque Papa l’apprit, il prévint la cousine : en cas de récidive, elle n’aurait plus accès à la maison.
Très simplement, nous étions juifs et laïques, et n’en faisions pas mystère. Au jardin d’enfants, une condisciple que quatre ou cinq ans m’avait mise en larmes en m’assurant que ma mère « brûlerait » en enfer, puisque nous étions juifs. Cependant j’ignorais tout de la religion. En 1937, visitant à Paris l’exposition universelle, nous sommes allés déjeuner dans un restaurant où nous avions gaillardement commandé une choucroute. Lorsque les cousins chez qui nous séjournions l’ont appris, ils se sont écriés : « Mais vous vous rendez compte ! Manger une choucroute et le jour du Kippour, en plus ! » De cet épisode date mon apprentissage des coutumes juives. Je reconnais sans la moindre honte qu’il est resté modeste (…).
Une vie est un livre que l’on pourrait dédier à la vérité, à la limite de l’intime. Dans un prochain commentaire, le site vous parlera d’un livre sur une autre grande dame qui honore la France : Germaine Poinso-Chapuis.
MF