Premier de cordée, de Roger FRISON-ROCHE, réédition publiée en 1993 aux Éditions Castor Poche senior.
Roger Frison-Roche est issu d’une famille savoyarde. Il étudie au Lycée Chaptal à Paris à partir de 1916, puis avant le terme de sa scolarité travaille, dès ses 14 ans, comme coursier chez le voyagiste Thomas Cook. Durant la première guerre il effectue plusieurs séjours en Savoie qui éveillent en lui l’amour de la montagne. En 1924, il assume le secrétariat des premiers Jeux Olympiques d’hiver à Chamonix. Il débute également une carrière de journaliste. C’est à Naples qu’il est fait prisonnier et il passe un mois dans une cellule de condamné à mort. La Gestapo le transfère à Fresne, puis à Vichy où grâce à une connaissance influente il obtient des papiers pour retourner à Chamonix alors occupée par les Italiens. En 1943, les troupes allemandes entrent dans Chamonix, et Frison-Roche quitte le monde dans lequel il vit, pour la clandestinité. Officier de liaison auprès des FFI, puis à l’état major de la 5e demi-brigade de Chasseurs alpins, il terminera la guerre en Algérie. En 1955, il s’installe à Nice où il effectue des reportages pour Nice Matin.
Parallèlement il poursuit une carrière d’alpiniste. Il effectue un nombre impressionnant de grandes courses en haute montagne. En 1930, lui qui n’est pas savoyard de naissance, est admis à la Compagnie des guides de Chamonix. Sa carrière d’écrivain est aussi prestigieuse que ses carrières d’alpiniste et d’explorateur, puisqu’il signe trente-cinq livres et reportages.
Les plus célèbres de ses livres sont : Premier de cordée (1941), La grande crevasse (1948), Retour à la montagne (1957).
Extrait de la page 70 : sur une paroi…
« La vision fantasmagorique, agrandie par l’écran de brouillard, s’amenuisait à mesure que les alpinistes avançaient. Lorsqu’ils en furent tout près, elle avait repris ses dimensions normales : il ne restait plus qu’une modeste statue de la Madone ; en métal léger, scellée sur son pinacle de granit à trois mille sept-cents et quelques mètres au-dessus des plaines, percée et défigurée par les coups de foudre, mais sur sa robe courait toujours les petites lucioles bleues et toute la statue chargée d’électricité crépitait sans arrêt. L’orage électrique s’annonçait comme devant être d’une ampleur inaccoutumée : la tourmente gagnait toutes les hautes cimes sur lesquelles alternaient les fugitives lueurs des éclairs, si proches les uns des autres que le tonnerre grondait sans interruption.
Bientôt le Dru serait à l’épicentre du combat. Les feux follets crépitaient sans discontinuer sur la robe de la Vierge : on eût dit qu’un poste invisible émettait des messages avec l’espace ; d’étranges bruits emplirent l’air ; cela arrivait comme un bourdonnement aux oreilles des grimpeurs et en même temps il leur semblait qu’une invisible main tirait sur leur chevelure… »
Ce qu’en dit l’éditeur en quatrième de couverture.
Pierre Servettaz se destinait à l’hôtellerie. Mais son père, célèbre guide de haute montagne, meurt foudroyé lors d’une course. L’appel de la montagne est le plus fort. En allant récupérer le corps de son père, Pierre découvre sa vocation, il sera premier de cordée. C’est lui qui évaluera les difficultés du parcours, qui prendra le plus de risque.
L’appel de la montagne est le plus fort ! : Fascinant.
Ma passion de la montagne est née avec ce livre, essentiel à mes yeux.
L’utilisation politique faite aujourd’hui de ces mots « premier de cordée » n’est qu’une simple formule, vide de son sens réel. Je parle ici du sens que lui donnait Frison Roche. Être un premier de cordée en haute montagne, c’est d’abord évaluer les risques ; ensuite c’est grimper et atteindre ; enfin c’est redescendre.
Marc Fouquet
« Entends-tu, Georges ? Les abeilles… entends-tu, les abeilles bourdonnent ! Vite ! partons ! la foudre est sur nous. »