Vadim, le spin doctor du régime politique Russe, nous narre dans un roman d’une exceptionnelle densité qui est vraiment Vladimir Poutine. Outre le côté passionnant et saisissant de l’analyse de la personnalité de l’homme fort du pays des Tsars, il nous permet de comprendre, sous la lumière d’une brûlante actualité, qui est vraiment l’actuel dirigeant de la Russie. Un ouvrage sur le pouvoir à méditer…
Ce que nous dit la quatrième de couverture
On l’appelait le « mage du Kremlin ». L’énigmatique Vadim Baranov fut metteur en scène puis producteur d’émissions de télé-réalité avant de devenir l’éminence grise de Poutine, dit le Tsar. Après sa démission du poste de conseiller politique, les légendes sur son compte se multiplient, sans que nul puisse démêler le faux du vrai. Jusqu’à ce que, une nuit, il confie son histoire au narrateur de ce livre…
Ce récit nous plonge au cœur du pouvoir russe, où courtisans et oligarques se livrent une guerre de tous les instants. Et où Vadim, devenu le principal spin doctor du régime, transforme un pays entier en un théâtre politique, où il n’est d’autre réalité que l’accomplissement des souhaits du Tsar. Mais Vadim n’est pas un ambitieux comme les autres : entraîné dans les arcanes de plus en plus sombres du système qu’il a contribué à construire, ce poète égaré parmi les loups fera tout pour s’en sortir.
De la guerre en Tchétchénie à la crise ukrainienne, en passant par les Jeux olympiques de Sotchi, Le mage du Kremlin est le grand roman de la Russie contemporaine. Dévoilant les dessous de l’ère Poutine, il offre une sublime méditation sur le pouvoir.
Extraits
(Pages 105 et 106 – ambiance…) – Les premiers jours d’août, le vieil ours (Boris Eltsine) désigna un nouveau Premier ministre, inconnu de la plupart des gens. La nomination de Vladimir Poutine fut accueillie par un scepticisme général. Il s’agissait du cinquième chef de gouvernement qu’Eltsine intronisait en un peu plus d’un an. Cela ne vaut pas la peine de ratifier cette charge, avait déclaré le chef de la Douma, de toute façon dans deux mois quelqu’un d’autre prendra sa place. Poutine voyait l’affaire d’un autre œil. Il savait qu’il avait peu de semaines pour imprimer sa marque sur l’opinion publique et il n’avait pas l’intention de perdre du temps (…). À l’étage du Premier ministre (dans l’ancien palais des Soviets), on avait libéré une vingtaine de pièces pour les nouveaux arrivants. Nous nous étions installés là : Poutine, son secrétaire, ses conseillers économiques et militaires, le staff de la communication. On travaillait jour et nuit : ces parois aseptisées suffisaient à peine à contenir la violence de nos ambitions (…)
(Pages 105 et 106 – leçons…) – Le visage du Tsar (Vladimir Poutine) avait pris une consistance minérale que j’avais appris à reconnaître. Je m’abstins de formuler le moindre commentaire. « Vous les intellectuels, vous êtes convaincus que c’est parce que les gens ont oublié. D’après vous, ils ne se souviennent pas des purges, des massacres. C’est pourquoi vous continuez à publier article sur article, livre sur livre à propos de 1937, des goulags, des victimes du stalinisme. Vous pensez que Staline est populaire malgré les massacres. Eh bien vous vous trompez, il est populaire à cause des massacres. Parce que lui au moins savait comment traiter les voleurs et les traitres. Le Tsar fit une pause. Tu sais ce que fait Staline quand les trains soviétiques commencent à avoir une série d’accidents ?
— Non.
— Il prend Von Meck, le directeur des chemins de fer, et le fait fusiller pour sabotage. Cela ne résout pas le problème des chemins de fer, en fait cela peut même l’aggraver. Mais il donne un exutoire à la rage. La même chose se produit chaque fois que le système n’est pas à la hauteur. Quand la viande vient à manquer, Staline fait arrêter le commissaire du peuple pour l’agriculture, Tchernov, l’envoie au tribunal et celui-ci, comme par magie, que c’est lui qui a fait abattre des milliers de vaches et de cochons pour déstabiliser le régime et fomenter une révolte. Puis il y a une pénurie d’œufs et de beurre, alors il arrête Zelenski, le chef de la commission pour le Plan, et celui-ci, peu après, admet avoir répandu des clous et du verre pilé dans les réserves de beurre et avoir détruit cinquante camions d’œufs. Une onde d’indignation mêlée à un certain soulagement traverse le pays : tout s’explique ! Le sabotage est une explication beaucoup plus convaincante que l’inefficacité, Vadia. Quand il est découvert, le coupable peut être puni. Justice est faite, quelqu’un a payé et l’ordre est rétabli. C’est ça le point fondamental. »
Le Tsar fit une autre pause, que dans des circonstances différentes, je n’aurais pas hésité à définir comme théâtrale. Puis il reprit d’un ton neutre : « J’ai donné l’ordre d’arrêter ton ami Khodorkovski demain à l’aube. Nous enverrons aussi les caméras, tout le monde doit savoir que personne n’est au-dessus de la sacro-sainte colère du peuple russe. »
Un livre à lire pour comprendre les ressorts de Poutine !
Dans la guerre que livre aujourd’hui la Russie de Poutine à l’Ukraine, ce livre, fort bien écrit, permet de comprendre les ressorts du terrible Mage du Kremlin !
Marc Fouquet
08/05/2023