Depuis la ferme familiale du Viallard, sur les coteaux qui surplombent la Dordogne, ses oreilles de nourrisson ont dû percevoir les volées de cloches et les sonneries de clairon, annonçant la « der des ders » aux Corréziens. Promis à la voie sacerdotale par son père, alors que l’instituteur et le curé se disputent les élèves doués, Jean-Louis poursuit ses études de séminariste.
À peine la guerre déclarée, il est engagé, avec son régiment de chasseurs alpins, sur le front de Narvik dans le cercle arctique, avec mission de couper la route du fer aux industries allemandes d’armement. Après la terrible défaite de la Somme, il revient dans son unité. Affecté dans l’Armée d’armistice, il mesure le désastre de l’État collaborationniste. Réfractaire au service du travail obligatoire en Allemagne, son nom est livré par le Supérieur du séminaire aux autorités d’occupation. Grâce à des complicités familiales et militaires, il se cache aux yeux de tous. Affecté à la Croix-Rouge, il est témoin des pendaisons commises à Tulle par les SS de la division Das Reich, le 9 juin 1944. Devenu hostile au régime de Pétain, il rejoint l’Armée de la Libération et rompt avec l’institution religieuse. Pour n’avoir pas respecté son engagement avec l’Église, son père le répudie.
Dans le Paris des années d’après-guerre, il reconstruit sa vie et laisse s’accomplir la métamorphose du destin. Politiquement, il rallie le courant de la démocratie chrétienne et se mobilise dans le militantisme syndical. Rehaussé par le souffle de l’Histoire, le dévoilement des secrets éclaire sous un nouveau jour un itinéraire humain singulier.